La donnée carbone est souvent la grande oubliée des opérations de rénovation en France. Pourtant, nos objectifs en la matière sont importants. L’impact environnemental des opérations que vous soutenez est-il pris en compte ?
L’attention est aujourd’hui concentrée sur des rénovations qui auront un impact fort en matière de confort et d’économies d’énergie pour permettre aux occupants de vivre dans de bonnes conditions et de supporter des factures moins importantes. La donnée carbone n’est pas encore un élément pleinement considéré lors des opérations que nous soutenons, mais nous savons qu’il nous faudra travailler cette dimension avec nos partenaires, notamment parce que la fiscalité carbone va s’alourdir pour les ménages et qu’il y a là une responsabilité sociétale.
Combien de projets sont soutenus par le programme Toits d’Abord chaque année ?
Nous intervenons en moyenne sur 150 projets par an, ce qui représente 500 à 600 logements. Ce sont des logements classiques mais aussi des pensions de famille. Nous croyons en effet beaucoup à ce type d’habitat, qui offre aux personnes aux parcours de vie très chaotiques, qui ont connu la rue, le squat, un environnement pour reprendre pied, et se reconstruire.
Comment sont financées ces opérations ?
Ces opérations consistent à créer du logement social. En dehors de l’apport de la Fondation Abbé Pierre, elles reposent sur la mobilisation de financements publics de l’État et des collectivités locales, et bien sûr de l’emprunt. Avec Toits d’Abord, nous abondons à hauteur de 10% maximum du coût de l’opération, mais jamais en lieu et place du financement public.
La précarité énergétique est importante en France, pour ne pas dire massive. Pensez-vous que ce qui est mis en place pour en venir à bout est suffisant ?
12 millions de personnes sont touchées par la précarité énergétique en France si on croise tous les indices permettant de la mesurer. Nous sommes sur un phénomène massif, qui appelle des moyens importants pour rénover les passoires thermiques. Le récent plan de rénovation énergétique organise des outils, propose un déroulement, mais les moyens financiers, notamment pour accompagner les ménages les plus modestes et adresser les propriétaires bailleurs, ne sont pas à la hauteur, si l’on souhaite réellement éradiquer la précarité énergétique liée aux conditions d’habitat, dans un contexte où le coût du logement, continue, lui, d’augmenter.